S’équiper d’une aide technique : les conseils d’une ergothérapeute

Steffi Pan, ergothérapeute libérale, nous apporte son regard sur le processus d’équipement d’une aide technique à la mobilité du bras. Quel est le rôle de l’ergothérapeute et de l’équipe médicale autour du patient ? Quels sont ses conseils pour s’équiper ?

En tant qu’ergothérapeute, quel est votre rôle dans l’équipement d’un patient avec une perte de mobilité du bras ?

Notre rôle est de préconiser des solutions qui sont ensuite prescrites par le médecin traitant. Le médecin traitant peut lui-même préconiser des solutions mais l’avis de l’ergothérapeute est indispensable en ce qui concerne des besoins spécifiques. Les patients viennent consulter un ergothérapeute pour évaluer globalement leurs capacités, surtout l’aspect fonctionnel et l’autonomie dans le quotidien.

L’idée est d’identifier les activités quotidiennes qui posent problème et que la personne souhaite pouvoir faire à nouveau, ou plus facilement. L’ergothérapeute peut alors proposer des essais d’aides techniques pour aider le patient dans son choix. Il l’accompagne ensuite une fois la solution installée, pour faciliter la prise en main.

Ce bilan permet de produire des préconisations adaptées aux patients et à leurs besoins réels. Si besoin, l’équipe médicale accompagne le patient dans les démarches de recherches de financements afin d’acquérir les aides proposées.

"L'avis de l'ergothérapeute est indispensable en ce qui concerne les besoins spécifiques"

Que pensez-vous de l’offre existante d’aides techniques à la mobilité des membres supérieurs ?

Il y a assez peu de nouveautés actuellement, peut-être parce qu’il n’y a pas assez de besoins définis qui sont remontés aux fabricants.

Il y aussi peu d’informations auprès de professionnels de santé sur les nouvelles technologies concernant les aides techniques existantes, les médecins prescripteurs sont peu informés, et donc ne redirigent pas systématiquement les personnes vers ce type de solutions. Les aides actuellement disponibles sont peu connues, il y a donc un besoin d’informer les patients et les médecins de l’offre existante. Il y a tout un marché à développer.

Quels sont les principaux freins à l’équipement, selon vous ?

Une fois l’offre connue, il y a d’autres obstacles à l‘équipement : le prix principalement est un frein majeur, surtout si la solution proposée n’est pas prise en charge par l’État (pour rappel en France les aides techniques pour les bras ne sont pas remboursées). Le patient doit donc faire une balance entre le coût de l’équipement et la pertinence que celui-ci aura dans son quotidien.

Aussi, un patient qui se lance dans un parcours d’équipement doit être certain des bénéfices de son aide technique à long-terme : si l’aide est obsolète au bout d’un an par exemple dans le cas d’une mobilité évoluant, il n’est pas pertinent d’acheter une aide technique.

La complexité d’utilisation est aussi un paramètre qui refroidit les patients. La première phase d’équipement est déterminante, car si le patient n’est pas accompagné dans les réglages de son aide technique, il ne peut pas en tirer tout le potentiel. Le patient doit donc passer par une phase d’éducation thérapeutique afin de s’approprier son aide technique et en constater les bienfaits sur sa mobilité et son quotidien : il est ainsi acteur de sa rééducation.

Il est aussi nécessaire de considérer la compatibilité avec les autres aides techniques utilisées par le patient : l’équipement proposé doit être pertinent et ne pas entraver les autres (par exemple, s’assurer que les commandes de l’aide technique ne gênent pas le joystick du fauteuil roulant électrique).

"Il est surtout important que toute l’équipe médicale qui entoure le patient prenne en compte l’équipement afin de l’intégrer dans le parcours de santé"

Quels sont vos conseils pour les personnes souhaitant s’équiper d’une aide technique du membre supérieur ?

S’entourer de son équipe de santé dans le choix d’une aide technique est indispensable afin de choisir une aide qui satisfera les attentes du patient. L’ergothérapeute est le professionnel de référence pour ce type d’équipement, et son regard permet de sélectionner au mieux les solutions selon les besoins exprimés. Mais il est surtout important que toute l’équipe médicale qui entoure le patient prenne en compte l’équipement afin de l’intégrer dans le parcours de santé.

Cette équipe de santé apporte aussi des informations précieuses sur le parcours qui précède l’équipement et un soutien dans les démarches d’acquisition. Ils peuvent par exemple argumenter de l’utilité de l’aide technique afin d’obtenir des aides financières.
L’avis des aidants familiaux et des auxiliaires de vie éclaire aussi l’ergothérapeute sur les besoins réels du patient. Il est donc pertinent pour l’équipe médicale d’échanger avec eux et de les intégrer dans le parcours d’équipement.

Enfin, ne pas se précipiter, s’informer et tester ce qui existe, pour se faire un avis par soi-même et être sûr de choisir une solution efficace, qui s’adapte et qui plaît à l’utilisateur.

Se faire accompagner dans sa démarche d’équipement d’une aide technique du membre supérieur :

Depuis le 28 avril 2022, le décret no 2022-737 autorise désormais les ergothérapeutes à prescrire des aides techniques : il n’est donc plus nécessaire de passer par une prescription du médecin traitant.

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