Retours sur le bêta-test de l’ORTHOPUS Supporter : tops & flops

Entre décembre 2022 et le printemps 2023, nous avons mené un bêta-test de notre premier dispositif, l’ORTHOPUS Supporter. 5 participants, de 14 à 35 ans, ont testé notre assistant robotique à domicile. L’objectif était de récolter des retours concrets sur la facilité d’utilisation du dispositif pour pouvoir l’améliorer en fonction des besoins quotidiens des utilisateurs. Comment nous sommes-nous organisés ? Qu’avons-nous appris ? Qu’aurions nous pu faire différemment ? On vous raconte !

Comment avons-nous procédé ?

Au début, nous imaginions que ce serait simple. L’idée était d’équiper les bêta-testeurs à peu près en même temps, de leur laisser l’ORTHOPUS Supporter durant 1 mois, puis de récolter les retours.

Spoiler alert : les choses ne se sont pas déroulées comme prévu (car elles ne se déroulent jamais comme prévu ;))

👎 Les flops :

  • La manière d’identifier les bêta-testeurs
    Pour réussir un beta-test, il est préférable que le produit corresponde aux besoins des testeurs. Pour vérifier cela, nous avons demandé aux utilisateurs une validation de la pertinence du dispositif de la part de leur ergothérapeute habituel, puis nous avons échangé avec eux lors d’une visio. Sauf qu’il est complexe, voire impossible, de savoir si une aide technique pour le bras va convenir à une personne uniquement avec des informations sur le papier et quelques questions. L’idéal aurait été d’impliquer des ergothérapeutes formés aux aides techniques pour le membre supérieur, et d’organiser des essais à domicile dès le début.

    Au final, sur les 5 bêta-testeurs de l’ORTHOPUS Supporter :

    – 1 personne nous l’a rendu au bout de 15 jours : sa mobilité était suffisante pour faire sans et finalement le dispositif le gênait plus qu’autre chose
    – 1 personne l’utilise quotidiennement, surtout pour les repas
    – 1 personne l’utilise ponctuellement pour mobiliser son bras, pour jouer par exemple
    – 2 personnes ont besoin d’une version d’orthèse soutenant davantage leur bras et d’un accompagnement actif sur le plan horizontal, ce qui pourrait correspondre à notre prochain produit

  • Demander tardivement les informations sur les fauteuils
    L’ORTHOPUS Supporter s’installe relativement simplement sur les fauteuils roulants électriques. Mais, les choses peuvent se compliquer quand l’accoudoir du fauteuil n’est plus celui d’origine, ou qu’il n’y a plus de port électrique disponible à l’arrière du fauteuil (ce n’est pas pour rien qu’installateur de matériel médical est un métier à part entière !). Les adaptations spécifiques ont requis plusieurs allers-retours et des commandes de pièces particulières. Résultat : parfois l’adaptation a duré plusieurs semaines avant que l’ORTHOPUS Supporter soit opérationnel.
  • Surestimer le questionnaire comme moyen de récolter des données
    Pour récolter les retours des bêta-testeurs au cours du test, nous avions prévu un carnet de bord à remplir en version papier ou en version numérique. Mais cela ne fonctionne pas du tout. Nous avons réalisé que cela ajoute une tâche (pas forcément hyper fun) et une charge mentale à la journée des utilisateurs ou de leurs aidants. Le partage spontané de photos et de vidéos par exemple est beaucoup plus fluide mais aussi personnel.
👍 Les tops :
  • Lancer un large appel à bêta-test
    Comment trouver des utilisateurs pour tester nos solutions ? Nous avons tenté une méthode relativement simple : un appel diffusé sur internet. Grâce aux partages sur les réseaux sociaux (notamment les groupes facebook thématiques), nous avons reçu plus d’une cinquantaine de réponses en une semaine !
  • Fonctionner en deux étapes
    Avant d’organiser un bêta-test, nous travaillons d’abord avec des alpha-testeurs. Dans le cas de l’ORTHOPUS Supporter, c’était avec Pierre : nous avons développé le prototype avec lui lors de plusieurs rendez-vous à l’ESEAN AFP France Handicap, SSR en pédiatrie basé à Nantes. Cela nous permet d’arriver à une version de produit fonctionnel. C’est ensuite cette version qui est installée chez les bêta-testeurs. À noter que pour notre prochain dispositif, nous souhaitons travailler avec plusieurs alpha-testeurs.
  • Rencontrer les utilisateurs
    C’est certainement la partie la plus passionnante dans l’organisation d’un bêta-test. Les participants nous ont fait confiance, nous ont accueillis chez eux, avec leurs aidants, leurs familles. Ce sont des moments privilégiés et uniques entre les ingénieurs qui conçoivent le dispositif et les personnes qui vont s’en servir.
    Au-delà des retours sur notre produit, les échanges avec les participants nous ont énormément appris sur leur rapport aux aides techniques, le quotidien quand on vit avec un handicap moteur, leurs idées, leurs frustrations et leurs envies. Merci chaleureusement à eux tous, pour cela.

Les retours sur l'ORTHOPUS Supporter

En parallèle des bêta-tests, nous avons récolté plusieurs dizaines de retours de professionnels et d’utilisateurs lors de salons et de démos dans des établissements de santé. Et afin d’être les plus complets possible, nous avons aussi organisé un test d’usage avec le CoWork’Hit, Centre d’innovation du CMRRF de Kerpape, avec la participation de 8 patients et 6 ergothérapeutes.

Suite à tous ces retours, nous avons mis en place plusieurs améliorations mécaniques comme la simplification des branchements électriques et l’ajout d’un détrompeur sur la vis de l’orthèse. La télécommande est désormais livrée sur un support séparable, les utilisateurs peuvent ainsi utiliser les contacteurs ensemble ou écartés selon leurs préférences et leur mobilité au niveau de la main.

Avant / après
Diapason / Contacteurs

Au niveau du fonctionnement logiciel, nous avons simplifié la manière d’accéder aux réglages et d’enregistrer des préférences avec le bouton arrière (couleurs, nombre de clics à faire, etc).

Focus sur l’orthèse

Les orthèses fournies par les fabricants sont forcément standards, même si plusieurs tailles sont toujours proposées. Mais certaines personnes peuvent avoir besoin d’un soutien plus important et sur mesure pour leur bras. Il est alors possible de faire appel à son orthoprothésiste pour faire adapter l’orthèse : c’est ce qui a été fait par un des bêta-testeurs et le résultat était extrêmement concluant !

Conclusion

Dans le développement d’un dispositif d’assistance, la co-conception avec des utilisateurs demande d’y consacrer du temps et d’accepter d’expérimenter différentes méthodes. Mais c’est pour nous une étape incontournable pour proposer des produits qui sont pertinents et utiles dans la vie de tous les jours.

Ce premier bêta-test nous a beaucoup appris et va nous permettre de faire mieux pour les prochains développements. Trouver et tester de nouvelles méthodes pour impliquer toujours plus les utilisateurs nous passionne ! Fabricants d’aides techniques, comment fonctionnez-vous pour faire tester vos produits en cours de développement ? Quels sont vos flops et tops ? Mettons les bonnes idées en commun pour nous améliorer tous ensemble !

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