Un dispositif médical, plusieurs vies

On pense souvent que le matériel médical doit forcément être acheté neuf, et jeté une fois utilisé. Cette considération aseptisée de notre santé est pourtant en train d’être bousculée : des entreprises comme ENVIE AUTONOMIE & REDEEM MÉDICAL le prouvent en faisant évoluer notre regard sur le cycle de vie des dispositifs médicaux.

Les débuts d'un système plein d'avenir

Chaque année, des milliers de dispositifs médicaux inutilisés finissent à la poubelle, alors qu’ils pourraient encore servir. Ce gaspillage se justifie par notre vision de la santé, qui nous donne l’impression qu’un produit médical doit forcément sortir de l’usine, et est à usage unique. 

Les professionnels eux-mêmes ne recommandent que très rarement des dispositifs de seconde main, alors que ceux-ci proposent pourtant de nombreux avantages, le premier étant d’ordre financier. 

Une question se pose alors : Pourquoi la pratique n’est pas encore démocratisée ?

La réponse s’explique en partie par de la méconnaissance ou de la méfiance. Quand on pense matériel médical de seconde main, on peut avoir peur de se retrouver avec un matériel abîmé, usé, qui ne remplira pas sa fonction.  Les professionnels de santé eux-mêmes ne recommandent pas spontanément cette solution, généralement par manque d’informations. Leur avis est pourtant déterminant pour le patient, qui se fie principalement à l’avis et aux recommandations de son médecin.

Et c’est face à ces préjugés que se battent des entreprises telles que Envie Autonomie et REDEEM-MÉDICAL. Leur mission : reconditionner et remettre en état le matériel inusité, afin qu’ils profitent à des personnes qui en ont besoin, à un prix bien plus accessible que le neuf, tout en étant aussi efficace.Nous avons souhaité créer une économie circulaire dans un domaine où cela était inexistant” nous explique Fanny GARDIE, responsable chez ENVIE AUTONOMIE, entreprise qui reconditionne tous types de dispositifs médicaux. Clémence Cornet, fondatrice de REDEEM MÉDICAL, start-up qui donne une seconde vie aux attelles, ajoute : “il est essentiel de rassurer sur le fait que la seconde main ne modifie en rien les aspects sécurité et soins, c’est un pré-requis

Récupéré auprès de familles de patients, d’EHPAD ou encore de pharmacies, ce matériel va suivre tout un cycle de réhabilitation avant d’être re-proposé à la vente ou à la location : un processus travaillé afin de garantir une qualité irréprochable au matériel reconditionné.

"Nous avons souhaité créer une économie circulaire dans un domaine où cela était inexistant"

Rénovation et ré-utilisation

Envie Autonomie et REDEEM MÉDICAL sont des exemples d’entreprises qui veulent faire évoluer l’accès aux aides techniques et changer le regard des patients sur leur façon de s’équiper.

70% du matériel récupéré est jeté, car trop usé, trop personnalisé… Mais 30% échappent à ce sort, et la seconde vie peut alors commencer : les entreprises spécialisées se chargent de les remettre en état pour leur offrir un nouveau cycle d’usage

Avant d’être revendu ou loué, le matériel traverse tout un processus de restauration : trié, nettoyé, remonté, pièces vérifiées et changées si besoin, autant d’étapes qui assurent une qualité digne d’une sortie d’usine

Pour lutter contre le cycle d’usage unique des dispositifs médicaux, ENVIE AUTONOMIE propose même de louer le matériel plutôt que de l’acheter : un moyen de tester une aide technique avant de l’acquérir, ou de la posséder temporairement jusqu’à ce qu’elle ne soit plus utile au patient

C’est la même pratique que l’on retrouve chez REDEEM MÉDICAL, qui propose une formule clé-en-main afin d’obtenir des attelles comme neuves. Des certifications sont proposées pour assurer le bon fonctionnement et la fiabilité des aides reconditionnées. 

Pour les 2 entreprises, le matériel qui ne peut être réhabilité n’est pas oublié : il est recyclé dans les normes et revalorisé si possible

Chez ENVIE AUTONOMIE, un S.A.V et un service de réparation a aussi été mis en place, pour allonger toujours plus la durée de vie du matériel, grâce à des équipes formées en interne à la fonction de PSDM (Prestataire de Service et Distributeur de Matériel Médical) pour assurer la réparation et l’entretien de ce type de produits. Les pièces détachées sont aussi conservées, testées et garanties, pour pouvoir lutter contre le gaspillage et réparer les aides techniques à moindre coût. Ils proposent aussi d’évaluer un parc d’équipement des établissements de santé au travers d’un diagnostic, afin d’anticiper les réparations et allonger la durée de vie du matériel. 

Autant d’infos rassurantes qui encouragent le développement de cette pratique, qui en plus de faire évoluer le système de santé vers une voie plus durable, propose d’autres avantages socio-économiques

"Il est important de réussir à éduquer les professionnels de santé et les usagers en les informant sur le gaspillage et en leur proposant de nouveaux usages qui les contraignent le moins possible"

Des bienfaits par delà la santé

En effet, la seconde main offre un cercle vertueux : les coûts des aides techniques reconditionnées se voient réduits de 50% à 70% par rapport au neuf. Un prix qui rend soudainement accessible du matériel qui était hors de budget pour certains patients. 

Cela crée aussi plus de disponibilité de matériel, et réduit donc les délais d’attribution. Il est désormais possible de s’équiper en quelques mois, avec du matériel de qualité. 

Toute cette mission de réhabilitation a aussi généré de nombreux emplois (une centaine du côté d’ENVIE AUTONOMIE), afin de pouvoir collecter et réparer le matériel avant sa revente. Les profils recrutés pour assurer ce service sont généralement des travailleurs en situation de handicap, des personnes issues des minimas sociaux ou du chômage de longue durée, afin de créer de l’insertion sociale et professionnelle. Chez ENVIE AUTONOMIE, les emplois s’articulent autour de projets de retour à l’emploi, pour permettre une redécouverte du monde du travail. 

L’impact environnemental de cette démarche est tout aussi important : la seconde main réduit fortement le gaspillage, et contribue à modifier notre façon de consommer. 

Économiquement, l’ancrage territorial des centres de réparation et de distribution évite les délocalisations et assure un dynamisme local grâce aux partenariats avec les entreprises de proximité. 

Il ne reste plus qu’à populariser ce système parallèle d’accès aux aides techniques. Il faut pour cela sensibiliser les utilisateurs mais aussi les professionnels de santé, qui sont les premiers à pouvoir orienter leurs patients vers cet accès alternatif au matériel médical. “Il est important de réussir à éduquer les professionnels de santé et les usagers en les informant sur le gaspillage et en leur proposant de nouveaux usages qui les contraignent le moins possible” recommande Clémence Cornet. 

Des corps de métiers se sensibilisent déjà à la question : le Réseau pour le Développement Durable en Ergothérapie (R2DE) existe depuis 2017. Il regroupe des ergothérapeutes dans le but de former et informer au sujet du développement durable. Ils ont notamment créé un Annuaire des Structures d’Économie Circulaire des Aides Techniques (ASECAT), afin d’orienter l’acquisition de matériel vers des fournisseurs durables et accessibles.

En résumé, le marché de la seconde main pour le matériel médical a énormément de positif à apporter, au-delà même du milieu de la santé. C’est un exemple très concret d’économie circulaire, qui porte des valeurs de durabilité et d’accessibilité pour tous. Chez ORTHOPUS, ces initiatives nous poussent à étendre la durée de vie de nos aides techniques en sensibilisant à leur recyclage, pour en faire profiter le plus grand nombre, le plus longtemps possible.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Aller au contenu principal